Rapprochement/ Les frontières aux éclats

Publié le par Maxime Debs


Fabienne Keller, chargée de gommer les frontières

La sénatrice du Bas-Rhin a été nommée, hier, par le Premier ministre, pour favoriser le dialogue et les initiatives entre la France et ses voisins.


Fabienne Keller --- Photo Dominique GutekunstElle a tapé dans l’œil de Matignon. Et pour cause. Fabienne Keller a été maire d’une ville — Strasbourg — qui ne connaît que trop bien la problématique transfrontalière. Dans la capitale alsacienne, l’entité Eurodistrict vise, déjà, à faire disparaître, à son échelle, les barrières entre la France et l’Allemagne. Mais l’initiative, louable, présente encore des limites. La mission de la sénatrice du Bas-Rhin sera de les recenser, ou plutôt, comme elle dit, « de mettre en exergue tous ces écarts, aux frontières françaises, qui vont à l’encontre du principe européen ». Et ils sont nombreux.

D’exemples, l’ancienne maire de Strasbourg n’en manque pas. À commencer par le domaine de la santé. « À l’époque du Tour de France, quand on a voulu faire passer les coureurs d’un côté à l’autre de la frontière et coordonner les services d’urgence franco-allemands, ça nous avait pris des mois de démarches administratives. » Pour Fabienne Keller, ce délai ne devrait pas exister, à l’heure où l’Europe se joue à plusieurs. Idem pour ce qui est de la téléphonie mobile : « Il doit y avoir quelque chose à faire pour éviter que les réseaux allemands et français se chevauchent. »


Dix millions de Français en zones frontalières


La question fiscale figure aussi au chapitre des priorités de la parlementaire : « Des zones, côté français ou côté allemand, bénéficient d’avantages qui sont mal perçus par l’un ou par l’autre. Il faut que ces questions soient levées. » Pierre Lellouche est du même avis. Le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes suivra de près les conclusions du rapport de Fabienne Keller et des deux autres parlementaires nommés pour l’épauler. Il regrette que « beaucoup d’entreprises, d’industries passent aujourd’hui de l’autre côté de la frontière. Il faut analyser pourquoi. Il en va de la compétitivité de notre pays ». Pour lui, « les frontières terrestres de la France ne sont plus assez gérées par l’État ». Alors que « 10 millions de Français vivent actuellement en zones transfrontalières » , Michel Mercier, ministre de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire, relève neuf programmes de coopérations transfrontalières, dont trois en Alsace (Strasbourg, Colmar et la conférence du Rhin supérieur, système commun qui rassemble les habitants du Palatinat du Sud, du pays de Bade, de la Suisse et d’Alsace). Ces initiatives doivent être optimisées. C’est ce qui est demandé à Fabienne Keller. Elle s’y attellera après les fêtes. Des pistes de travail seront dégagées d’ici fin janvier ou début février. Le rapport devra être rendu en avril, dans sa forme définitive.


Maxime DEBS, de notre bureau parisien.

(Paru le 18 décembre dans L'Alsace, pages informations-générales)

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